Extrême fatigue

Ma Maman Chérie,

Je suis fatiguée, épuisée. Je devrais avoir honte de te dire ca, toi qui ne te plaignais jamais.

Tata, puis Nathalie m'ont appelé aujourd'hui. Elles sont gentilles de prendre de mes nouvelles. Mais j'ai ce soupçon de rancoeur tout au fond de moi. Pourquoi ne sont elles pas venues te voir avant que tu meurs ? La Dordogne et le var ne sont pas si loin. Je l'ai dit à Nathalie. Elle a pleuré. Je suis méchante. Mais il fallait qu'elle le sache. Maman, tu l'aimais tant.

Quant à ma pauvre tata, elle était très certainement dans le déni. Comme moi, elle ne pensait pas que tu allais mourir maintenant, ce jour là, comme ça....si vite...C'était impossible.

j'ai mal pour toi. J'espère que tu ne te demandais pas pourquoi ta soeur n'était pas là.

Je n'aurai jamais de réponse à toutes ces questions qui me torturent.

Ta pauvre soeur ne va pas bien, je le sens au son de sa voix. Elle est triste, elle te cherche. Elle a peur que L et moi l'oublions. C'est impossible. C'est ta soeur, c'est donc un tout petit peu toi quelque part.

Maman, ta tombe est la plus belle du cimetière. Je ne veux pas voir le monticule de terre, donc on ne le voit pas. Il est totalement recouvert de plantes fleuries, celles du jour de l'enterrement, d'autres que des gens ont déposées après et puis celles que je t'ai achetées dimanche. Il y a également mon bouquet de roses dans le vase. Elles sont jolies. Tata m'a parlé de fleurs artificielles. Je n'en veux pas. Tant que je serais vivante tu auras des vraies fleurs, beaucoup, toujours.

Hier soir, alors que j'étais allongée, mon coeur s'est emballé. C'était incroyable, cela a duré environ 1/2 heure. J'étais essoufflée comme si j'avais couru un sprint. C'est peut être une crise d'angoisse.

J'ai vu JL sur ta tombe dimanche. C'était effroyable. Il m'a demandé ta carte vitale, je lui ai répondu qu'il l'aura quand il me donnera l'accès à tes vêtements. Il m'a dit des horreurs, je me suis sauvée du cimetière pour ne plus entendre. Je tremblais de tout mon corps. C'est vraiment un malade mental. Je pense qu'il est pervers narcissique. En fait, je ne sais pas et je m'en fous. Je tire un trait sur ce taré mais il paiera toutes les tortures qu'il t'a fait subir. Je ne sais pas encore comment je vais faire.

Ma Maman chérie, je pense que je serais plus sereine si au moins tu avais été heureuse. Si ce monstre ne t'avait pas choisi pour victime. Je m'en veux, je n'ai jamais pu te sortir de cet enfer. J'ai préferé le vivre avec toi. Mais pourquoi ?

Maman, tu me manques. J'ai toujours un choc lorsque je vois ton beau prénom écrit sur la croix. Iréna.

Ma chère Maman, je t'aime. Je pense à toi tout le temps. Je t'aime, je t'aime, je t'aime. J'aimerai être comme toi, tellement gentille et généreuse. J'ai si mal lorsque ton doux sourire me revient.

Je t'aime.